Dur métier que celui de ministre des Finan ces. Intervenant, hier, pour la première fois dans l'hémicycle, à l'occasion de la discussion du collectif budgétaire, Francis Mer a mangé son chapeau. Lui qui pensait, en s'installant à Bercy, avoir la haute main sur la politique économique de la France a depuis déchanté. Visage fermé et poing enfoncé dans la poche de son pantalon, le ministre de l'Economie a ânonné à la tribune de l'Assemblée nationale un discours aux antipodes de ses premières déclarations.
Fin juin, après avoir dévoilé l'audit des finances publiques réclamé par le gouvernement, il avait exposé ses priorités : les déficits publics devaient être réduits. Quant aux baisses d'impôt promises durant la campagne, leur ampleur et leur rythme devraient être étroitement liées «à la vigueur de la croissance». Hier, cette réserve n'était plus de mise. «La baisse de 5 % de l'impôt sur le revenu est le premier pas vers l'objectif de baisse de 30 % en cinq ans qu'a rappelé le Premier ministre et sur laquelle le gouvernement a engagé sa responsabilité», a récité le ministre des Finances. «Cette baisse est la première concrétisation du plan d'allégement des prélèvements obligatoires qui se trouve au coeur de la nouvelle politique économique du gouvernement», a-t-il lu. Mieux : «Elle stimulera la croissance d'un dixième de point, au bas mot, à l'horizon 2003.»
Départ précipité. Le renversement de perspective est radical et plus conforme au message de Jacques Chirac du 14 Juillet