Ne dites pas que c'est un lac. C'est un coup à vous faire traiter de cailhoc (1). Et pourtant, le soir, quand la chaude lumière du crépuscule irradie les immenses étendues de sable et de vase, le bassin d'Arcachon a tout d'un lac. Seuls quelques cygnes, aigrettes et poissons sauteurs viennent troubler la quiétude des lieux. Une petite mer intérieure bardée de courants ; seize mille hectares à marée haute, et quatre fois moins à marée basse ; 80 kilomètres de tour de taille.
Pour dire vite, tous les visiteurs du bassin «vont à Arcachon». C'est plus chic que de dire : «Je passe mes vacances à La Teste-de-Buch.» Le must, c'est : «J'ai une maison au Cap-Ferret.» Cette frêle presqu'île protège le bassin des colères du golfe de Gascogne et abrite un véritable catalogue de maisons sorties des magazines de déco. D'autres privilégiés vous assèneront un «j'ai une cabane à L'Herbe», dans ce petit hameau ostréicole dont les petites bicoques de pins s'alignent en rangs serrés.
Du rail à la plage. Sa notoriété, Arcachon la doit aux frères Pereire qui y ont amené le chemin de fer au XIXe siècle ; elle conserve sa réputation de ville où il fait bon vivre, le boulevard de la Plage et ses commerces de fringues et d'artisanat importé, le casino et une vaste collection de magnifiques demeures dans la ville d'hiver. La richesse arcachonnaise a longtemps attisé la jalousie des communes voisines : «Arcachon, ville lumière, où il y a plus de cons que de lampadaires.» Front de mer enrubanné de néons,