Menu
Libération

L'alternance automatique déprime la droite

Article réservé aux abonnés
Face à des électeurs versatiles, elle se voit défaite en 2007.
publié le 22 juillet 2002 à 0h28

La scène se passe dans un bus, il est 21 heures. A l'intérieur, Jean-Pierre Raffarin et deux de ses ministres, Patrick Devedjian et Jean-Paul Delevoye. En cette mi-juillet, les trois hommes viennent d'arpenter la Lorraine pour préparer la loi de décentralisation. Le Premier ministre est content de sa journée et médite sur la lourdeur de la tâche à accomplir à Matignon : «On ne sort jamais bien de cette fonction, le tout, c'est d'en sortir mieux que d'autres.» «Tu peux aussi en sortir bien», tente Delevoye, peu convaincu. Silence des autres, autour d'un fatalisme partagé : l'aventure du pouvoir ne pourrait que mal finir. Et pendant que l'opposition broie du noir en redoutant une cure d'opposition prolongée (lire ci-contre), la droite spécule sur la fragilité de sa condition majoritaire.

Pessimisme. Installée à l'Elysée et à Matignon, largement dominatrice dans les Assemblées, elle cultive paradoxalement une sorte de pessimisme. Jacques Chirac lui-même en serait atteint. «Il est sceptique sur la capacité du pays à accepter les réformes et pense en même temps que si on ne les entreprend pas, on va vers une crise très grave», note un de ses visiteurs réguliers. Selon lui, le chef de l'Etat doute de la capacité «du politique à répondre au besoin de résultats rapides exprimé par les gens». De nombreux ministres partagent cette inquiétude.

François Fillon, chargé des Affaires sociales, théorise «l'alternance systémati que». Persuadé que les électeurs «zappent» les sortants, il consid