C'est une angoisse diffuse qui imprègne les esprits socialistes : et si cette fois, le PS en prenait pour dix ou quinze ans ? Et si la droite survivait en 2007 au couperet de l'alternance qui s'abat sur toutes les majorités depuis 1981 ? Tous les dirigeants PS le répètent en choeur : les seules erreurs du tandem Chirac-Raffarin ne ramèneront pas la gau che au pouvoir. Façon, bien sûr, d'assurer leurs partisans qu'ils sont prêts à engager le dur labeur d'une vraie «rénovation». Mais l'antienne illustre aussi un diagnostic plus sombre : la claque reçue par la gauche en 2002, moins spectaculaire arithmétiquement que celle de 1993, serait plus alarmante car plus difficilement soluble. A l'épo que, le discrédit moral du second septennat Mitterrand et l'explosion du chômage suffisaient à expliquer la débâcle. Cette année, la crédibilité du candidat Jospin et le bilan honorable de son gouvernement n'ont pas empêché une défaite cinglante qui a écarté le PS du second tour de la présidentielle pour la première fois depuis trente-trois ans. Un signe que le décrochage de toute une frange de son électorat repose sur des causes plus profondes.
Equation. «Nous sommes dans une situation moins grave pour le PS lui-même, mais plus sérieuse pour le PS dans la société française», résumait Alain Bergounioux, secrétaire national à la communication, dès le conseil national du 29 juin. Il assignait à ses camarades trois «défis» à relever : le premier, «stratégi que», pour hisser le PS au-dessus de l