«Son discours m'a fait l'effet d'un pansement.» Elisabeth a quitté, hier midi, rassérénée, la place des Martyrs-Juifs, à Paris, où elle était venue assister au discours du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire de la rafle du Vel' d'hiv'. Comme elle, 2 000 personnes étaient venues écouter un discours attendu après une année marquée par la recrudescence d'ac tes antisémites en France. Le chef du gouvernement a su se mettre au diapason de son auditoire : «Agresser la communauté juive, c'est agresser la France, a lancé Jean-Pierre Raffarin, c'est agresser les valeurs de notre République qui ne peuvent laisser aucune place à l'antisémitisme, au racisme et à la xénophobie !»
Responsabilité. Devant la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, Hamlaoui Mekachera, et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, le Premier ministre s'est engagé à lutter contre ces violences : «Le chef de l'Etat et le gouvernement ont pris et prendront toutes les mesures nécessaires pour que cessent ces agressions qui insultent notre pays.» Raffarin s'est éloigné de ses notes pour user à deux reprises de la première personne du singulier : «Nous refusons et je refuse cette violence et nous la condamnons et je la condamne avec la plus grande fermeté.»
«Il m'a émue», confiait Betty, jusque-là peu sensible au «style Raffarin». «Voilà six mois que je vis dans l'angoisse. Un peu plus et je quittais la France