Une fois n'est pas coutume, les sénateurs ont été les plus vifs. En annonçant le 3 juillet dans son discours de politique générale une future révision constitutionnelle pour relancer la décentralisation, Jean-Pierre Raffarin leur avait mis l'eau à la bouche. Le président de la Haute Assemblée, Christian Poncelet (RPR), avait aussitôt pris la tête d'un groupe de travail de quinze sénateurs de droite, parmi lesquels trois présidents de lobbies d'élus locaux : Daniel Hoeffel, patron de l'Association des maires de France (AMF), Jean Puech, qui dirige celle des départements, et Gérard Longuet, qui a pris les rênes de celle des présidents de région.
Au bout de trois semaines de labeur, l'aréopage a remis ses propositions hier au Premier ministre. Elles tiennent dans une proposition de loi constitutionnelle de neuf articles dont le message est limpide : la décentralisation, c'est le Sénat ! Ainsi les signataires proposent-ils que les textes «relatifs à la libre administration des collectivités territoriales» soient systématiquement «déposés en première lecture au Sénat» et non à l'Assemblée nationale. De même, une réforme en matière de décentralisation ne pourrait-elle pas être soumise à la procédure d'urgence parlementaire. Autant de garanties pour renforcer l'influence sénatoriale. Christian Poncelet a cependant concédé qu'«en cas de désaccord entre les deux chambres», c'est l'Assemblée qui «garderait le dernier mot». A condition toutefois que les députés se prononcent à la majori