Qu'il est bon de débattre en se donnant le grand frisson législatif sur une question d'importance nationale. Les sénateurs, qui examinaient hier le projet de loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi), présenté par Nicolas Sarkozy, n'ont pas boudé leur plaisir. Ce texte devrait passer comme une lettre à la poste : déjà adopté fin juillet par l'Assemblée, il sera sans doute promulgué au plus vite, la commission des lois du Sénat prônant un vote en termes identiques.
Discours rodé. En dehors d'un engagement sur cinq ans (13 500 embauches, 6,5 milliards d'euros,) et du rapprochement police-gendarmerie, il contient surtout un catalogue de proclamations d'intentions (haro sur les gens du voyage, les voleurs de portables, les proxénètes, les squatters, les fumeurs de joints...) qui feront l'objet d'un autre projet de loi prévu pour la rentrée. Son examen est donc le moment idéal pour se lâcher verbalement sans trop de conséquences.
«Projet très attendu», «la voie tracée est la bonne», «merci et bravo». La majorité sénatoriale a fait rougir de plaisir le ministre de l'Intérieur qui n'en demandait peut-être pas tant. Le sénateur du Gers, Aymeri de Montesquiou, ne se contient plus. «Le message est clair : vous exigez et obtiendrez des résultats. Conviction, bon sens, action, visibilité, résultat, sont les mots qui viennent à l'esprit.» Discours désormais bien rodé (délinquance en hausse de 40 % depuis 1981, de 17 % depuis 1997, la faute aux socialistes qu