Le Sénat soigne ses pauvres. Tard dans la nuit de lundi à mardi, les élus du Palais-Bourbon se sont prononcés en faveur d'un relèvement d'au moins 60 % de la rémunération de ministres à la peine depuis que Lionel Jospin a supprimé les «fonds spéciaux». Car la révolte gronde dans l'équipe de Jean-Pierre Raffarin. A plusieurs reprises ces dernières semaines, des membres du gouvernement se sont ouverts à leur collègue du Budget, Alain Lambert, de leur difficulté à joindre les deux bouts. Depuis janvier, ils doivent se contenter de leur traitement brut mensuel, à savoir 7 809 euros par mois pour un ministre et 6 861 euros par mois pour un secrétaire d'Etat. Des sommes coquettes mais très inférieures à ce qui prévalait quand Matignon distribuait en toute opacité des enveloppes de billets pour que les membres du gouvernement puissent couvrir leurs faux frais et ceux de leurs collaborateurs. Faisant fi des récriminations de ses troupes, le Premier ministre s'est gardé de trancher ce problème de gros sous : difficile d'augmenter les ministres quand on refuse un coup de pouce aux smicards. «La question ne fait pas partie des priorités du gouvernement», rappelle Matignon.
Rétroactif. Rien n'empêchait, en revanche, le Parlement de prendre l'initiative. Surprise, c'est un sénateur socialiste, Michel Charasse, qui s'y est collé. Mi-juillet, l'ancien ministre PS du budget s'est discrètement entretenu avec Alain Lambert, venu présenter le collectif budgétaire à la commission des finances du