Des débats à fronts renversés. En mars 1999, les députés commencent à discuter de la loi sur la présomption d'innocence, et la droite, alors dans l'opposition, juge le texte présenté par Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, trop timide. Avec des accents enflammés, les parlementaires RPR, UDF et DL appellent «à un grand texte de liberté, moins frileux, plus audacieux, plus ambitieux», tandis qu'à gauche les socialistes, souvent d'accord avec l'opposition, se montrent néanmoins prudents. En moins de deux ans, le revirement de l'actuelle majorité est total. Florilège de déclarations, extraits des débats qui se sont poursuivis jusqu'en juin 2000.
La détention provisoire
Edouard Balladur (RPR) : «La détention provisoire, à laquelle notre système judiciaire a trop souvent recours, est-elle justifiée dans tous les cas ?»`
Patrick Devedjian (RPR) : «Chaque année, près de 2 000 personnes sont incarcérées, alors que, par la suite, la justice les reconnaîtra innocentes. Il ne suffit pas de limiter le droit de mise en détention provisoire ; il faut, en réalité, entourer cette mesure des mêmes garanties que la condamnation elle-même. Que l'on entre en prison par une ordonnance d'un juge, qui en fait est secrète, ou par une condamnation publique, c'est la même prison, c'est la même souffrance. (...) En fait, la mise en détention provisoire par le juge d'instruction, ou avec sa participation, est le dernier avatar de la lettre de cachet. A droite, nous pensons que la liberté est chose trop pré