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Libération
Interview

«Il y a confrontation de deux mondes très différents»

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publié le 7 août 2002 à 0h36

Dominique Reynié, professeur à Sciences-Po et directeur de l'Observatoire interrégional du politique, analyse les raisons des difficultés rencontrées par les ministres de la société civile.

Comment expliquez-vous les obstacles que connaissent ces ministres issus de la société civile ?

Le fait de venir de la société civile détermine une forme d'acculturation dans la sphère politique. Ces ministres arrivent avec leur propre culture professionnelle et sociologique. Or ils ne sont pas toujours capables de construire un compromis culturel avec le monde politique qui a ses règles et ses modes de fonctionnement propres. Ce n'est pas la faute du monde politique ou de la société civile. Les difficultés découlent de la confrontation de ces deux mondes très différents. En fait, il y a un équilibre à trouver. Si les ministres issus de la société civile perdent leur originalité en arrivant au ministère, ils enterrent l'effet d'oxygénation et de pluralisme que devrait entraîner leur venue. D'un autre côté, s'ils ambitionnent de bousculer le système avec leur manière de faire, c'est le chaos, à l'image de ce qui s'est passé avec Claude Allègre qui n'a jamais su composer avec la culture politique.

Que manque-t-il à ces ministres pour que leur intégration se déroule bien ?

Il y a un élément très important, c'est l'aspect électoral. Ces ministres n'ont pas connu le sas électoral. Or, le fait de mener une campagne et d'être en contact avec la population constitue l'élément d'absorption politique.