«Francis Mer, il a dit deux, trois conneries, il va être obligé de démissionner bientôt, vous allez voir.» La prévision vient d'un expert. En juin 1988, Léon Schwartzenberg est contraint de quitter le gouvernement Rocard au bout de neuf jours. Point commun : lui aussi était issu de la société civile. Depuis une vingtaine d'années, de Pierre Arpaillange à Francis Mer, en passant par Bernard Tapie ou Claude Allègre, la Ve République a fait appel à nombre de ces ministres, novices en politique. Des ministres souvent touchés par une malédiction qui voudrait que leur séjour au gouvernement naisse dans la douleur et s'épuise dans l'adversité. Pour Francis Mer, passé directement du monde de l'entreprise à celui de la politique, l'entrée en matière a été particulièrement difficile. Lors du premier séminaire du gouvernement Raffarin, l'ancien patron d'Arcelor termine une digression par un «vous, les politiques...» qui oblige le Premier ministre à le reprendre : «Monsieur le ministre, vous voulez dire "nous, les politiques"...» Même participants, autre réunion, le ministre de l'Economie laisse ses collègues sans voix lorsqu'il tonne : «Il faut arrêter les assassins du préfet Erignac !» Puis il monte en puissance. Début juillet, il est à l'origine d'une violente passe d'armes avec François Fillon, à propos de la volonté du ministre des Affaires sociales de créer un groupe de travail pour que l'Etat réagisse aux plans sociaux . «C'est n'importe quoi !», s'énerve Francis Mer. Sur ce même
La greffe prend mal
Article réservé aux abonnés
publié le 7 août 2002 à 0h36
Dans la même rubrique