Dans les administrations désertées, une certaine angoisse commence à poindre en vue de la rentrée. Devenu la principale variable d'ajustement budgétaire, le nombre de fonctionnaires devrait chuter sensiblement. Jean-Pierre Raffarin a annoncé début juillet que «tous les emplois ne seront pas systématiquement remplacés au fur et à mesure des départs».
Par petites touches, sans heurter les susceptibilités syndicales, le gouvernement prépare ses agents à un objectif qu'il juge inéluctable : les 4,8 millions de fonctionnaires (Etat, collectivités, hôpitaux) vont devoir apprendre à travailler à effectifs réduits. Car, selon Philippe Marini, rapporteur général (UMP) du budget au Sénat, il ne faudrait pas laisser passer l'occasion de «tirer profit dès 2003» du départ à la retraite de la génération du baby-boom : 50 % des fonctionnaires auront en effet pris leur retraite d'ici 2 012.
Qui fera les frais de cette réduction d'effectifs ? Pas les ministères de l'Intérieur et de la Justice, en tout cas. Le Parlement vient d'adopter un plan qui prévoit 23 500 recrutements sur les cinq prochaines années (7 000 gendarmes, 6 500 policiers et 10 000 postes judiciaires). Pas la fonction publique hospitalière non plus, qui peine à recruter médecins et infirmières pour faire tourner les hôpitaux.
L'Education nationale, alors, qui emploie déjà plus d'un million de salariés ? «Si l'on touche aux nombres de professeurs ou au personnel non enseignant, ce serait une première depuis vingt ans !, prévient