Le député de l'Essonne Julien Dray dénonce «l'initiative précipitée» de son compère de la Gauche socialiste, Jean-Luc Mélenchon, de fusionner ses troupes avec celles d'Henri Emmanuelli. Il en appelle à «une nouvelle majorité ancrée à gauche» qui rompe avec l'actuel «consensus mou» qui dirige le PS. Interview.
Jean-Luc Mélenchon s'en va fonder un nouveau courant avec Henri Emmanuelli, pourquoi refusez-vous de l'accompagner ?
Je n'ai pas passé quatorze ans à construire avec des militantes et des militants un collectif de qualité pour le voir rayer d'un trait de plume. La Gauche socialiste n'appartient à aucun chef, elle n'est ni à vendre ni à liquider à cause d'angoisses existentielles. Qu'il faille se dépasser, refuser le sectarisme, envisager de se dissoudre dans un nouvel ensemble, rien n'est tabou. Encore faut-il ne pas faire des procès d'intention et lancer des initiatives précipitées et confuses, des raccourcis qui finissent dans des impasses. Je ne crois plus à ces constructions par le haut, à ces schémas où il faudrait simplement cent personnes déterminées et un bon chef, à ces avant-gardes jacobines qui veulent faire le bonheur des militants à leur place.
Le divorce consommé, qui s'occupera des «enfants» de la Gauche socialiste ?
C'est aux «enfants» de choisir. Jean-Luc a pris une décision que je respecte, mais je ne désespère pas, jusqu'à la dernière seconde, de le convaincre. Je crois aux idées défendues par la GS. J'ai envie de continuer ce combat sous des formes renouvelées dont, par respect, je réserve la primeur aux militants.
Vous souhaitez intégrer votre courant à la direction du PS pour l'ancrer à gauche ?
Pour la première fois, nous ne sommes pas sous la coupe d'un chef suprême qui, quoi qu'on dise, n'en ferait qu'à sa tête, et nous