En mars 1996, ils arrivent par petits groupes. Timidement. Et s'installent dans l'église Saint-Ambroise à Paris. On les appelle encore des «clandestins». Le lieu a été simplement choisi parce qu'il est proche du centre de soins gratuits de Médecins du monde, où ils ont l'habitude de consulter. Ils demandent des papiers. Quelques jours plus tard, le lendemain de la visite du cardinal Lustiger, le curé de Saint-Ambroise avec l'accord des autorités religieuses donne les clés de l'église aux policiers. Les sans-papiers sont évacués. Commence une longue errance qui les mène du gymnase Japy à la Cartoucherie de Vincennes. D'entrepôts désaffectés de la SNCF à l'église Saint-Bernard, au coeur de l'été 1996.
Gauche soudée. Le mouvement grossit. Dépassant, un peu partout en France, les manifestations contre les «lois Pasqua» sur l'immigration. Les soutiens affluent autour de l'église du XVIIIe arrondissement parisien. Y passent leurs jours et leurs nuits. On réclame «la régularisation de tous les sans-papiers». Autour de l'église, la gauche se soude. Le 23 août, au petit matin, les policiers défoncent la porte de Saint-Bernard à coups de hache. Jean-Louis Debré, ministre de l'Intérieur, avait promis d'agir «avec humanité et coeur». Il est vilipendé. Des manifestations rassemblent des dizaines de milliers de personnes dans toute la France. Il y a quelques retours forcés vers le Mali, le Sénégal. Mais, malgré ses déclarations, le gouvernement se révèle impuissant à renvoyer les 300 s