Le «démantèlement de la loi Aubry» réclamé la semaine dernière par Ernest-Antoine Seillière n'aura pas lieu. Il y aura certes un décret consacrant l'assouplissement des 35 heures. Mais sa durée d'application sera limitée à dix-huit mois. Et il se contentera de fixer les règles de la négociation, comme le demandaient la CFDT mais aussi FO, la CFTC et la CGC.
Déception. C'est donc en faveur d'un assouplissement «en douceur» et non d'une remise en cause de la réduction du temps de travail (RTT) qu'a arbitré Raffarin malgré un baroud d'honneur du président du Medef. Reçu hier par le ministre des Affaires sociales et de l'Emploi, Seillière n'a pas caché sa déception. «Je fais appel au gouvernement pour qu'il réexamine les problèmes que nous avons passés en revue», a-t-il lancé en sortant du bureau de François Fillon. Selon lui, les dispositions envisagées par le gouvernement «ne correspondent pas aux attentes des entreprises» et «ne servent pas la croissance et l'emploi».
Malgré leur attachement proclamé aux vertus de la négociation collective, les patrons du Medef ne souhaitaient pas rouvrir le dialogue avec les syndicats sur les 35 heures. Ils craignaient en effet qu'ils exigent de coûteuses con treparties en échan ge de l'augmentation du contingent d'heures supplémentaires, aujourd'hui limité à 130 par an. Or ce que souhaitent les patrons, c'est, non seulement remonter ce plafond à 200 heures (soit en moyenne 4 heures par semaine), mais surtout ne pas les payer 25 % ou 50 % plus