Béthune envoyé spécial
Au bout du fil, un corbeau confie : «Vingt voitures viennent de partir de la rue Copernic», le siège de la section PS, pour tracter. Au fond d'un bar du centre-ville, la patronne joue les cafteuses, à messes basses dans l'oreille d'un candidat. Sourires entendus. Rue Copernic justement, les yeux interrogent plus qu'ils accueillent : «Vous avez rendez-vous ?» Sur le trottoir, les imperméables gardent le corps qu'ils encerclent plus qu'ils protègent de la pluie celui qu'ils enveloppent. Bienvenue à Béthune, Pas-de-Calais, dans une campagne municipale pas de cadeau. Depuis l'annulation, cet été, du scrutin de mars 2001, les 29 000 Béthunois ne sont pas en guerre, mais les tracts parlent de «ramener la paix». Sur les murs, des avis à la population appellent «à la mobilisation générale». Une liste est baptisée «Comité de salut public». Et des mots reviennent sans cesse : «haine», «vengeance»... En 2001, selon le Conseil d'Etat, «les limites admissibles de la polémique électorale» avaient été dépassées dans le combat socialiste fratricide qui opposait Jacques Mellick (candidat du PS) au maire sortant, Bernard Seux. Dix-huit mois plus tard, les frères ennemis se retrouvent, avec deux autres listes anti-Mellick en embuscade : celle d'Anne-Marie Duez, membre du conseil national du RPR, mais non investie par les siens, et celle d'Alain Alpern (Verts).
«Enorme connerie». Dans le rôle principal de ce règlement de comptes à «OK Béthune», celui qui fut maire entre 197