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«Désormais, j'ai honte de dire que je suis communiste»

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Dans les allées de La Courneuve, ce week-end, les militants évoquaient leur amertume.
publié le 16 septembre 2002 à 1h00

L'apéritif anisé qui remplit les verres n'y est pour rien. Dans les buvettes comme dans les travées ensoleillées de la fête de l'Humanité, les militants ont la gueule de bois. Toujours sonnés par les 3,37 % du candidat Hue à la présidentielle, le pire score jamais obtenu par le PCF depuis sa création en 1920. «Désormais, j'ai honte de dire que je suis communiste», lâche Martine. Avant de rendre au «parti» la carte qu'elle a prise il y a vingt-cinq ans, elle est venue à La Courneuve «prendre le pouls des camarades». Verdict : «Les gens sourient parce que c'est la fête, mais ils sont tristes.» Et inquiets. Chacun se renvoie la balle : «La base est prête à repartir, mais les grands du parti, encroûtés, ne nous écoutent pas», déplore Philippe. A 50 ans, dont trente de militantisme, ce maçon de Rouen est désenchanté : «Je ne sais même pas pourquoi j'y crois encore.»

«Dégommer». «Il y a les communistes d'en haut et les communistes d'en bas, théorise Sonia, de la fédération de Seine-Saint-Denis. Le PC va crever de cette imperméabilité.» Il n'y a qu'une solution : «Dégommer les leaders. Par leur faute, le PC a fait comme le PS : il s'est embourgeoisé.» Ce à quoi Anne-Célia, qui se rêve déjà permanente du Colonel-Fabien, rétorque : «La base doit cesser de râler et être une vraie force de proposition. Changer la direction ne servirait à rien.» Pour être tombée dedans quand elle était petite, la jeune femme de 24 ans est résolue à garder la foi : «Avec ou sans parti, je serai communiste