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Interview

«Pour les jeunes, revenir aux 39 heures serait un casus belli»

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publié le 18 septembre 2002 à 1h02

Patrick Lemattre, sociologue et professeur à HEC, étudie les comportements des jeunes au travail. Pour lui, ils se sont très facilement adaptés aux 35 heures, au point de rendre difficile leur actuelle remise en cause.

Les 35 heures sont-elles suffisamment ancrées dans la vie des Français pour résister à la modification de la loi, présentée demain au Conseil des ministres ?

Oui, car la réduction du temps de travail (RTT) a surtout été un changement culturel, particulièrement chez les moins de 30 ans. Revenir autoritairement aux 39 heures serait un casus belli pour cette génération de salariés. Aujourd'hui, quel manager croyant en l'entreprise refuse de prendre des vacances en plus, quitte à mettre les bouchées doubles pour gagner en productivité ? Les moins de 30 ans se sont particulièrement appropriés cette réforme, qui a cristallisé leur volonté de changement de culture au travail.

Dans quelle mesure ?

Les 35 heures ont conduit à l'individualisation du temps de travail, les horaires collectifs ont presque disparu, comme les vacances qu'on prenait tous ensemble au mois d'août. La RTT a permis de rééquilibrer vie professionnelle et vie privée. C'est une demande forte chez les jeunes, toutes catégories sociales confondues, qui vivent au présent et retardent de plus en plus le moment de s'installer, de s'engager, en achetant un appartement par exemple. Ils arbitrent au coup de coeur entre travail et loisirs.

Les jeunes ne croient plus au travail ?

Le travail est toujours structurant