Mireille Mathieu revient sur scène ; Michel Sardou et Johnny Hallyday beuglent sans cesse ; et la Poste édite des timbres à l'effigie de Claude François, mort en 1978. Dans le monde de la variété, la vie est un éternel retour en enfance. L'adulte écoute, et le revoilà confiné dans sa chambre, seul, hivernal, masturbatoire, rêvant face à une petite radio après une sinistre journée d'école. Beaucoup aiment se souvenir de ça pour n'en jamais sortir. Ils reproduisent en groupe ou en livre, comme dans l'infernal cycle bouddhiste du samsara, les mêmes scènes de bizutages, d'examens, de groupes de boutonneux agglomérés autour d'une chanson. Parmi eux, il y a Yann Moix. L'écrivain publie Podium chez Grasset. Podium est une longue pochade délirante qui conte la vie et la mort de Bernard Frédéric, sosie génial, avare et vaguement célinien, de Claude François. Aidé par son ami Couscous, sosie de C. Jérôme et narrateur, Frédéric veut participer à l'émission C'est mon choix consacrée aux sosies, en prime time. Mais le C.L.O.C.L.O.S (Comité Légal d'Officialisation des Clones et Sosies) s'y oppose. Il doit donc passer l'examen, section Claude François Officiel, en traitant de sujets aussi graves que «l'importance de la crise de Suez dans la vie et l'oeuvre de Claude François». Admissible, il se présente à l'oral avec ses bernadettes et pique une telle colère contre l'une d'elles qu'il est reçu major : Claude François était un maître de colère. La description inspirée de cette colère, page
Le Moix enfantin
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par Philippe Lançon
publié le 20 septembre 2002 à 1h04
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