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Libération
Interview

«Un libre-service inquiétant»

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Jean-Pierre Balligand, député PS de l'Aisne, critique l'inspiration libérale de la réforme :
publié le 25 septembre 2002 à 1h07
(mis à jour le 25 septembre 2002 à 1h07)

Jean-Pierre Balligand, député PS de l'Aisne, copréside l'Institut de la décentralisation, une association qui réunit des élus locaux de gauche comme de droite. Il redoute que la décentralisation «d'inspiration libérale» promise par Jean-Pierre Raffarin ne fasse «exploser la fiscalité locale».

Le gouvernement veut instituer le «droit à l'expérimentation». Vous y voyez une menace pour l'unité de la République ?

Ce libre-service m'inquiète un peu. Si une région se met à gérer les universités, une autre les hôpitaux, et une troisième la formation professionnelle, cela peut devenir un bazar sans nom. Cet «hypermarché» proposé par Raffarin peut avoir des conséquences relativement gra ves. Sans en faire un mythe, le principe d'égalité pourrait souffrir de cette décentralisation. Que pourront faire les régions moins riches, comme l'Auvergne ou le Limousin, si elles doivent supporter le coût des transferts de compétences ? Sans compter que ces expérimentations deviendront rapidement illisibles pour les citoyens.

Vous redoutez que cette réforme ne masque des arrière-pensées ?

Ce projet résulte de la rencontre de deux volontés. Une volonté «d'en bas» exprimée par les collectivités locales qui, comme lors de la première décentralisation en 1982-1983, réclament des compétences supplémentaires. Et une volonté «d'en haut» exprimée par l'Etat, qui n'a pas d'autre choix que de réduire son budget. Pour être honnête, cet allégement de l'Etat paraît être le vrai fi