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TRIBUNE

Contre l'illettrisme, urgence !

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Ne rien faire pour nos enfants, c'est les livrer à un monde où l'excès de crédulité se révèle souvent fatal.
par Alain Bentolila, linguiste à l'université Paris-V. Il est l'auteur notamment du «Propre de l'homme : parler, lire, écrire» (Plon, 2000).
publié le 30 septembre 2002 à 1h09

Lorsque l'on parle d'illettrisme, il est impératif d'éviter l'outrance comme la complaisance. Il faut repousser la tentation du catastrophisme qui ferait volontiers de la moitié des Français des illettrés en puissance, comme il faut dénoncer cette tendance à la mode qui voudrait édulcorer un réel handicap social en le diluant dans le concept flou d'une prétendue spécificité culturelle. Regardons les choses en face sans complaisance mais avec rigueur.

En 2000, pour la première fois, les jeunes filles de 17 ans ont vu leurs performances en lecture et en écriture décrites au même titre que celles des garçons. Alors que 11,5 % des garçons étaient en difficulté, 7,1 % des filles révélaient des lacunes équivalentes. Soit une moyenne de 9,3 %.

En 2001, 11,6 % des jeunes gens et jeunes filles de 17 ans lisaient mal et écrivaient encore plus mal. Parmi eux on comptait 13,9 % de filles pour 8,6 % de garçons. Cela signifie que 75 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire en situation d'illettrisme et seront sérieusement handicapés dans leur vie sociale et professionnelle.

La confrontation de ces résultats à d'autres sources statistiques montre que le taux d'illettrisme a légèrement augmenté (2 à 3 %) depuis dix ans chez les jeunes adultes. De façon constante, on a pu ainsi constater que 9 à 12 % des jeunes adultes français comprennent mal un texte simple et court ; ils ne tirent aucun parti d'un article de journal, ne saisissent pas les informations pertinentes d'un document adm