Dur, dur d'être un symbole, bien sûr. Mais Patrick Henry ne l'était pas devenu à son corps défendant. Il y avait mis une constance obstinée, des années et des années de détention exemplaire. Ce qui lui avait finalement valu sa mise en liberté conditionnelle, après la réforme de janvier 2001 qui ôtait au garde des Sceaux son droit de veto en la matière. Sa libération avait fait grand bruit car le souvenir de son crime l'un des plus abjects qui soient et celui de son cynisme hantaient encore bien des mémoires. Mais elle avait finalement été acceptée, au nom de la rédemption, par une bonne partie de l'opinion publique, pourtant si prompte à ne raisonner qu'en termes de vengeance.
Il ne nous appartient pas de dire pourquoi Patrick Henry a disjoncté : soif d'argent, comme l'avancent certains de ceux qui l'ont approché ? Soif de notoriété, comme le prétendent d'autres témoignages ? Rupture d'un équilibre branlant suite à la trop grande pression de vingt-cinq années de prison pendant lesquelles il s'est efforcé de donner l'image d'un prisonnier modèle, donc réinsérable ? Difficile de trancher à moins de supposer que chacune de ces hypothèses contient une part de vérité. Mais difficile aussi de ne pas se souvenir sans un sourire amer de ces paroles lancées au juge par Patrick Henry, juste après sa mise en liberté : «Vous ne le regretterez pas !» Car ils sont nombreux aujourd'hui à regretter de lui avoir fait confiance : juges, experts psychiatres, gardiens et directeur de prison,