«Pour revenir un jour, il faut savoir tout quitter.» Ceux qui pronostiquent la mort politique de Philippe Séguin pourraient bien en être pour leurs frais. En démissionnant vendredi du Conseil de Paris, l'ancien patron du RPR a, certes, perdu son dernier mandat électif. Il s'exile à Genève comme administrateur du Bureau international du travail. Mais «pour mieux revenir», «libre», «vierge», «soulagé», défait du «scotch de Paris», espère la poignée de fidèles qui lui reste. Les mêmes parient que cette «démission-là lui sera utile». Sous-entendu : les précédentes, elles, ne l'ont pas été.
«C'était une folie douce» de quitter la présidence du RPR en 1999. «C'était hyperorgueilleux» de refuser de concourir pour un nouveau mandat de député au printemps. Mais Philippe Séguin, 59 ans, est ainsi fait. Aussi insatisfait qu'imprévisible. Aussi à cheval sur l'honneur en politique que rivé à ses archaïsmes. Et surtout toujours «en train de régler des comptes avec Jacques Chirac». Une banale histoire de père. Séguin a perdu le sien tôt, mort au combat lors de la Seconde Guerre mondiale. Chirac, lui, n'a pas eu de fils biologique. Et s'en est fabriqué deux, en politique. Juppé, «le meilleur d'entre nous», «le bien-aimé», programmé pour lui succéder. Et l'autre, Séguin, le prodige devenu de plus en plus prodigue.
Juppé, «l'autre». Son retrait de la vie politique s'inscrit, selon l'un des amis, dans cette logique de «rupture» avec ce «père». En 1997, lorsque Philippe Séguin a pris le RPR, il l