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Libération

Le silence est de «rigueur»

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Bercy et Matignon y pensent déjà, mais l'Elysée, échaudé par le reniement de 1995, refuse d'évoquer un tour de vis budgétaire. Pourtant probable, récession économique oblige.
publié le 14 octobre 2002 à 1h24

La rigueur, quelle rigueur ? A l'Elysée, le mot est honni. «Là-bas, ils ne veulent pas en entendre parler» glisse-t-on à Matignon. Début octobre, lors d'une réunion de travail, le ministre de l'Economie a pourtant fait part de ses inquiétudes au chef de l'Etat : «On est mal barré : la conjoncture n'est pas bonne et la dynamique des dépenses est forte», aurait dit en substance Francis Mer à Jacques Chirac. Un avertissement sans frais.

Pour la présidence de la République, l'idée que l'exécutif concocterait un plan secret pour serrer la vis aux Français relève du fantasme. Ou du mauvais remake : le 26 octobre 1995, Jacques Chirac, fraîchement élu, se rendait à la télévision pour expliquer aux Français que sa priorité était désormais la résorption des déficits publics pour satisfaire aux critères de Maastricht. En quelques minutes, la «fracture sociale» et les promesses de campagne du candidat étaient enterrées. Peu après, 100 milliards de francs de hausses d'impôts (dont une augmentation de deux points de la TVA) étaient votés.

Déconfiture. Sept ans plus tard, le chef de l'Etat ne veut en aucun cas rejouer le même scénario. Et Matignon est aux ordres. «Cet été, le Premier ministre a rendu certains arbitrages sur des crédits sociaux. Il a suffi que l'Elysée éternue pour que les arbitra ges en question soient enter rés deux jours plus tard», raconte un haut fonctionnaire. Jusqu'à présent, le gouvernement est donc resté sourd aux analyses chaque jour plus pessimistes des conjoncturi