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Libération

La droite réinvente la corvée pour le salarié

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La loi Fillon assimile les heures d'astreinte au temps de repos.
publié le 15 octobre 2002 à 1h24

En acceptant un amendement UDF assimilant au temps de repos les heures d'astreinte, le gouvernement a peut-être commis sa première vraie boulette sociale. Sans cette modification, la loi Fillon réformant les 35 heures, qui doit être votée cet après-midi en première lecture à l'Assemblée à l'issue d'un scrutin public, pouvait encore passer pour un compromis acceptable par les syndicats. Certes, elle ouvrait déjà, en facilitant le recours au moindre coût aux heures supplémentaires, une brèche importante dans le dispositif de réduction du temps de travail instauré par Martine Aubry. Mais les apparences étaient sauves. Le coup de pouce de 11,4 % sur trois ans sur le pouvoir d'achat du Smic apportait aux salariés une contrepartie appréciable.

Pourquoi François Fillon, qui, depuis le 2 octobre, s'était attaché pendant la discussion article par article à désamorcer les tentations ultralibérales de certains députés de la majorité, a-t-il dans la nuit du 9 au 10 octobre accepté cet amendement proposé par l'UDF ? Seule explication : le gouvernement a voulu faire une concession à la formation de François Bayrou. Reste à savoir si cette considération d'opportunité politique justifiait une telle mise en cause d'un des principes fondamentaux du droit social.

Cet amendement «va permettre à l'employeur de placer régulièrement un salarié sous astreinte pendant ces temps de repos», a aussitôt dénoncé Force ouvrière. «Le salarié redevient taillable et corvéable à merci», constate la CFTC. Cela «