A sujet sensible, précautions maximales. Nicolas Sarkozy continue prudemment ses consultations sur la réforme des modes de scrutin pour arriver à un consensus qu'il espère «large». Après Philippe de Villiers, Jean-Pierre Chevènement, Jean-Marie Le Pen et François Hollande, le ministre de l'Intérieur a reçu, hier soir, François Bayrou. Comme à tous ses interlocuteurs, il a assuré le président de l'UDF de sa «sincérité». «Je n'ai pas l'intention de commettre de tripatouillages, je ne suis animé par aucune arrière-pensée. Tout est ouvert, nous sommes là pour discuter.»
Il en faudra plus pour convaincre Bayrou. Alors que la plupart de ses élus ont déserté les rangs de l'UDF pour rallier l'UMP, l'ex-candidat à la présidentielle n'entend pas avaler une réforme des modes de scrutin qui lui fera perdre encore plus de représentants. Dans sa ligne de mire : le projet concernant la régionalisation du mode d'élection des députés européens. «On se battra contre», a-t-il glissé en marge de son conseil national, dimanche. Dans l'entourage de Sarkozy, on juge l'UDF «gonflée» : «On reprend une proposition UDF déposée par Alain Lamassoure.» «On s'en fout, cette proposition date de 1992, elle ne nous engage pas», rétorque un proche de Bayrou. Les centristes craignent d'être laminés s'ils étaient conduits à devoir se présenter dans les 22 régions. Ils préféreraient un système de regroupement de régions. Selon eux, «l'UMP s'est entendue avec les socialistes pour aller vers un système bipartisan».