Discrètement mais sûrement, Jean-Pierre Raffarin commence à regarder plus loin que l'Hexagone. Invité hier sur LCI, il a longuement parlé Europe sur le ton posé et grave qui convient aux hommes d'Etat. Un changement de pied de la part d'un Premier ministre qui entend désormais s'exprimer plus souvent sur les questions internationales et notamment européennes. Jusqu'à présent, il avait laissé le terrain à Jacques Chirac, le laissant participer seul aux rencontres européennes, à l'exception des discussions bilatérales. «Nous ne sommes plus en cohabitation, indiquait alors son entourage. Il n'est pas nécessaire que le Président et le Premier ministre se rendent ensemble partout.»
Après s'être coltiné la présence incessante de Lionel Jospin pendant cinq ans, Jacques Chirac n'a pas boudé son plaisir de se balader en solo. Le chef du gouvernement s'est, lui, contenté pendant longtemps des dîners de gala en l'honneur des hôtes étrangers ou des contacts avec ses homologues du Parti populaire européen.
Dès sa nomination, il avait prévenu qu'il n'avait nulle intention d'empiéter sur les domaines réservés du chef de l'Etat. Une posture qui l'arrangeait bien : l'ancien président de la région Poitou-Charentes n'était guère rodé sur les sujets internationaux. Le couple Chirac-Villepin ne l'avait pas incité à s'immiscer davantage. Le ministre des Affaires étrangères est un intime du Président pour avoir été son secrétaire général à l'Elysée. Il a donc avec lui une complicité particulière sur