Strasbourg, de notre correspondante.
C'est l'histoire d'une dame, 64 ans, chrétienne engagée, retraitée de l'enseignement, militante au Parti socialiste depuis quarante ans, qui tente de prêcher, lors des élections législatives, la bonne parole sur les marchés des villages d'Alsace du Nord. Là où elle habite depuis toujours, là où elle connaît tout le monde voisins, anciens parents d'élèves, amis là où le Front national dépasse, parfois, les 30 %. Inlassablement, la dame répète les arguments fournis par le PS, les «vrais» chiffres de l'emploi, ceux de la sécurité, les 35 heures et puis... «Ce jour-là, le candidat était là, avec son suppléant. Et moi, je ne voyais que des femmes qui venaient m'expliquer qu'elles étaient virées de leur entreprise, que celle-ci allait fermer, que l'autre n'allait pas bien... Rien que des femmes qui vivent dans le malheur. Je ne savais plus quoi leur dire. Alors, j'ai fini par lâcher : "Regarde donc la belle cravate de notre candidat ! Regarde un peu quel bel homme c'est ! Va donc lui parler !" Après, je me suis dit que ce que j'avais fait, c'était honteux. C'est mon plus bel échec en matière d'argumentation.»
Comment renouer le fil du dialogue ?
Samedi 19 octobre, une salle de la paroisse protestante Saint-Mathieu, Strasbourg. Une dizaine de personnes des enseignants, quelques pasteurs, un étudiant en théologie sont réunies pour un «atelier civique d'argumentation», animé par le sociologue Philippe Breton. Menu du jour : pizzas, yaourts, t