Après avoir fait 25 ans de prison pour l'assassinat d'un enfant, Patrick Henry est libre. En juin dernier pourtant, il a été interpellé pour vol. Martine est déçue. Cela fait dix ans qu'elle lui a offert son amitié. En compagnie de son mari et de son fils, elle lui réclame des explications. La scène se passe dans un restaurant. Dans quelques jours, l'homme sera arrêté en Espagne avec 10 kg de haschich (1).
Assis dans un fauteuil, bras croisés, Patrick Henry sourit. «Alors, tu voulais m'engueuler un petit peu ?» Martine est tendue. «Oui, c'est vrai, parce que piquer 400 balles de quincaillerie, c'est ridicule.» Henry a un petit rire en coin. «Cette démarche, je la comprends pas bien», avoue-t-elle encore. Il rit franchement, puis répond doucement. «Je peux comprendre ta colère, mais, avant, il faudrait peut-être se poser la question de savoir si c'est facile de passer tout ce temps en détention et de réintégrer la société comme ça. Il faut peut-être me laisser un certain temps.» Elle l'observe. «Je reconnais que c'est complètement idiot, que je n'ai pas réfléchi aux conséquences.» «Pas que pour toi, coupe Martine, aussi pour les gens comme nous. Je veux pas dire qu'on te mettait sur un piédestal mais quand même.» Henry hausse les épaules. «Non mais attends ! Je peux pas être non plus vingt-quatre heures sur vingt-quatre à me dire : attention, je prends mon verre mais je m'appelle Patrick Henry, donc est-ce que je peux prendre mon verre ? Non, je suis désolé, j'essaye de vivre