Jean-Pierre Raffarin aurait dû s'en douter. Ancien sénateur, il se targue de bien connaître les us et coutu mes d'une Haute Assemblée difficile à maîtriser et rompue aux coups tordus. Mais si le Premier ministre avait choisi de réserver au Sénat la primeur de l'examen de sa réforme fétiche sur la décentralisation pour démontrer qu'il le contrô le, c'est raté. «Raffarin pensait jouer sur du velours. Il a enchaîné les maladresses en négligeant, par exem ple, le travail préparatoire avec la commission des lois. Ici, l'impréparation ne pardonne pas», avance un sénateur gaulliste du Sud-Ouest. «La commission des lois a travaillé dans des conditions de pression anormale, renchérit Jean-Claude Peyronnet, sénateur PS. Le gouvernement ne lui a pas cédé grand-chose. Elle l'a vécu comme une humiliation.»
Manoeuvres. Aujourd'hui, alors que le texte revient en débat, les sénateurs devraient de nouveau ferrailler sur la question de l'autonomie financière des collectivités locales. Sous le patronage bienveillant du président du Sénat, Christian Poncelet, qui n'est pas en reste pour tenter de modifier le texte. «Le Sénat jouera pleinement son rôle de contre-pouvoir», avait-il prévenu. Il a donné toute sa mesure à cette prophétie. Les sénateurs débattront par exemple aujourd'hui d'un amendement, soutenu par Poncelet et repris par la commission des lois, qui vise à assurer aux collectivités une part «prépondérante» de ressources propres dans leur budget, et non seulement une part «déterminante