Le livre devait s'appeler : Vous n'aurez pas à le regretter, la promesse faite par Patrick Henry en février 1977 à la cour d'assises de l'Aube, qui venait de lui épargner la peine de mort pour l'enlèvement et le meurtre (contre rançon) du petit Philippe Bertrand, 8 ans. Evidemment, ce titre prenait une allure tragi-comique après l'arrestation de l'auteur, le 6 octobre, en Espagne, avec 10 kilos de haschisch dans sa voiture. Du coup, c'est Avez-vous à le regretter ? (1) qui sort mardi chez Calmann-Lévy et dont Libération publie en exclusivité des extraits (lire ci-contre) , muni de cet avertissement, signé Patrick Henry, depuis sa prison madrilène : «Lorsque j'ai été arrêté en Espagne, j'avais déjà mis un point final à mon livre. (...) En accord avec mon éditeur, j'ai décidé de le publier sans modifications, à l'exception de quelques phrases sur des projets d'avenir qui, aujourd'hui, ne sont plus d'actualité.»
Après l'arrestation, ses éditeurs ont suspendu la parution du livre : «Nous n'avons pas pensé une seconde à ne pas le publier, explique Jean-Etienne Cohen-Seat, PDG de Calmann-Lévy. Simplement, Patrick Henry a des droits, il était impossible de le sortir sans son accord. Je ne vois pas, d'ailleurs, ce qui aurait pu changer notre décision. Le vol ? Le has-chisch ? Comme si le fait de ne pas avoir été condamné à mort l'obligeait à être parfait, jamais fautif... Comme si ce droit à vivre n'était pas si clair. Il y a là quelque chose qui ébrèche l'abolition de la peine de