Les sénateurs se saisissent aujourd'hui, en retard et en urgence, du projet de loi sur la sécurité intérieure de Nicolas Sarkozy et des 260 amendements déposés. Ils devraient en avoir terminé vendredi avec cette première lecture, mais les députés ne pourront prendre le relais avant début janvier. Dès sa première esquisse, baptisée «brouillon» par le ministère de l'Intérieur, dévoilée fin septembre, ce texte a suscité de violentes réactions. La polémique n'a cessé d'enfler depuis la publication officielle, le 22 octobre, de ses 57 articles.
Le texte balaye moult sujets : vols de portables, fouilles de véhicules, fichiers d'empreintes génétiques... Il ratisse aussi diver ses populations : prostitués, mendiants, gens du voyage et jeunes qui stationnent dans les halls d'immeubles. A tel point que des dizaines d'associations, syndicats et partis de gauche multiplient les appels contre ce projet qu'ils jugent «anti-exclus», «liberticide», «démagogique». A plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy leur a déjà répondu. Parfois avec virulence, traitant ses détracteurs de «droits-de-l'hommistes», de «tartuffes», de privilégiés qui «passent devant la Porte de Saint-Ouen en disant "mon Dieu, les pauvres" puis s'en vont, pour aller dîner en ville». Depuis que l'abbé Pierre s'est invité dans le débat, l'argument «rive gauche» se révèle d'un maniement plus délicat. Le 4 novembre, le nonagénaire fondateur d'Emmaüs choisissait un bidonville de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) comme tribune, pour propos