Lunéville, envoyée spéciale.
Il était pourtant arrivé confiant. Mains dans les poches, veste en cuir, chemise et cravate parme, discours attendu de victime des médias. «On m'en veut parce que je suis du Front. C'est vrai que j'ai beaucoup de responsabilités pour le FN, et que j'ai un peu trop parlé. Mais c'est le journaliste, il m'a pris au dépourvu, sur mon portable, pendant mes vacances.»
Bernard Thiry a peut-être, en effet, «un peu trop parlé». Le 24 octobre, le secrétaire départemental du Front national de Meurthe-et-Moselle se vantait dans les colonnes de l'Est républicain de présenter une liste «FN déguisée» aux élections prud'homales de décembre. Hier, le tribunal de grande instance de Lunéville a invalidé sur le fond la candidature de sa liste Entreprise moderne et patronat indépendant (Empi) collège employeurs, section commerce , conformément à la loi du 16 novembre 2001, qui interdit les listes «prescrites soit par un parti politique, soit par une organisation prônant des discriminations». Une décision importante, inédite depuis la promulgation de la loi.
Recours. A 9 heures du matin, l'unique salle d'audience du tribunal de Lunéville est quasi déserte. Le mandataire de l'union départementale CGT, qui a introduit le recours, relit les propos rapportés par l'Est républicain, ce que les conseillers prud'homaux appellent en coulisses la «gaffe de Thiry» : «C'est vrai, c'est une liste FN déguisée. C'est la direction du FN qui nous a demandé de nous présenter. Pour mont