La gauche ose à peine en rêver secrètement, la droite le fait triomphalement. En rassemblant l'essentiel de ses forces au sein d'un grand parti, la majorité jette par contraste un coup de projecteur cruel sur les divisions de l'opposition. Longtemps après avoir disposé d'une longueur d'avance organisationnelle sur ses adversaires, celle-ci accuse désormais un sévère retard. Finie l'union de la gauche, avec puis sans programme commun, des années 70 et 80, morte la gauche plurielle qui assura à Lionel Jospin cinq ans de félicité gouvernementale face à une droite disloquée après la dissolution manquée de 1997, la gauche offre aujourd'hui un paysage éclaté. Et se retrouve condamnée à s'entendre sous peine de s'enferrer pour longtemps dans l'opposition.
Passé. Six mois après la Berezina, loin de parler d'union pour l'avenir, ses formations en sont encore à l'introspection pour tenter de comprendre le passé. Verts, communistes et socialistes font dans le nombrilisme avant leurs congrès respectifs. Dominique Voynet avait cru pouvoir passer outre pour caresser, fin octobre, l'espoir de «refonder une espérance à gauche» sous «une forme à inventer au sein d'un seul parti». Elle s'est aussitôt attirée les foudres unanimes de ses amis Verts qui, Noël Mamère en tête, l'ont accusée de vouloir se vendre au grand frère socialiste. Les crispations identitaires ne sont pas moins fortes au PCF et Marie-George Buffet ne manquera pas d'en tenir compte pour sauver ce qui peut l'être Place du C