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Libération
Interview

«La tentation du radicalisme politique»

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Mariette Darrigrand, sémiologue, analyse la peur française et ses effets :
publié le 19 novembre 2002 à 1h49
(mis à jour le 19 novembre 2002 à 1h49)

Mariette Darrigrand, sémiologue et coresponsable de l'Observatoire du débat public (1), analyse les angoisses des Français et leurs conséquences sur la vie politique. Entretien.

Comment expliquez-vous la poussée des angoisses collectives ?

Il est vrai que nous percevons les menaces comme solidaires entre elles. Une personne menacée par l'insécurité ou le chômage a tendance à être sensibilisée aux autres risques. Ce phénomène est largement lié à notre manière de nous informer. Médiatiquement parlant, une peur n'arrive jamais seule. Le «bruit» médiatique en général, la télévision en particulier, empile les raisons d'avoir peur : on passe très rapidement du naufrage d'un chalutier espagnol à un attentat terroriste, puis à une vague de licenciements aux Etats-Unis... Ces séquences font notre actualité, donnant l'impression qu'une seule et même force maléfique est à l'oeuvre pour mettre le monde à feu et à sang. La peur gagne et prend ensuite des formes à la fois différentes et convergentes, qui vont du plus lointain au plus proche : peur du terrorisme, du chômage, de la malbouffe, des maladies attrapées à l'hôpital... Ces craintes sont étayées sur la réalité évidemment, leur écho médiatique étant selon les moments plus ou moins accentué. Il est parfois instrumentalisé. L'insécurité est pourtant passée au deuxième plan des préoccupations des Français.

C'est paradoxal...

Il n'y a pas forcément de paradoxe. Le souci du social que votre sondage montre e