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Libération
Critique

La traque des nouveaux réacs

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Livre. Dans un pamphlet, Daniel Lindenberg attaque en bloc les «nouveaux réactionnaires», qui formeraient un courant intellectuel.
publié le 19 novembre 2002 à 1h49

Un bref essai aux saveurs polémiques met depuis quelques jours le feu aux poudres intellectuelles parisiennes, toujours prêtes à flamber. Son auteur, Daniel Lindenberg, est professeur de sciences politiques à Paris VIII et membre actif de la revue Esprit. La collection dans laquelle l'ouvrage est publié au Seuil, «La république des idées», est dirigée par Pierre Rosanvallon, professeur de sociologie au Collège de France, président du Centre Raymond-Aron et ancien de la défunte Fondation Saint-Simon. Le rappel à l'ordre s'inscrit dans ce mouvement de la gauche libérale et adaptée qui a pignon sur rue depuis une vingtaine d'années. Sa cible, ce sont les «nouveaux réactionnaires».

Qui sont-ils ? Avant de s'interroger sur la pertinence et la cohérence de cette catégorie, commençons par dresser la liste, puisque liste il y a. On y trouve les écrivains Michel Houellebecq, Maurice Dantec, Philippe Muray, Renaud Camus, les philosophes Marcel Gauchet, Pierre Manent, Jacques Bouveresse, Christopher Lasch, Alain Badiou, Alain Renaut, le «passeur» philosophique Alain Finkielkraut, le ministre-penseur et autosatisfait Luc Ferry, les sociologues Paul Yonnet, Pierre-André Taguieff, François Richard et Alain Besançon, le linguiste Jean-Claude Milner... On sent que la liste, comme une menace, reste ouverte. L'étiquette de «nouveaux réactionnaires» qui la recouvre est bien trop floue et sans rigueur pour former un concept ; mais elle fixe une intuition qui n'est pas fausse : l'air du temps prê