A défaut de mieux, Francis Mer a le choix des mots. Hier, à l'occasion du début de la discussion budgétaire au Sénat, le ministre de l'Economie a usé de la ficelle lexicale pour éteindre la polémique que suscite la prévision de croissance retenue par le gouvernement pour 2003. «Pour peu que l'hypothèque irakienne soit levée rapidement [...], notre prévision d'un rythme de croissance de 2,5 % en 2003 reste plausible», a-t-il assuré. Une telle déclaration sent le soufre. En accolant pour la première fois le mot «rythme» au mot «croissance», le ministre nuance considérablement la position officielle.
Ennui. L'année prochaine, il est possible que la croissance retrouve peu à peu une vitesse de progression de 2,5 %. L'ennui, c'est que l'hypothèse de 2,5 % sur laquelle repose le projet de loi de finances pour 2003 désigne une croissance moyenne sur l'année, performance autrement plus exigeante... Francis Mer ne l'ignore pas. Ces dernières semaines, il a concédé que la prévision gouvernementale était «ambitieuse». Début octobre, l'adjectif était encore recevable, le Fonds monétaire international (FMI) tablant alors sur une croissance française de 2,3 % en 2003.
L'ambition tourne à l'irréalisme. Hier, l'OCDE a mis les pieds dans le plat. Dans son rapport annuel, l'organisation estime que la croissance n'excédera pas 1,9 % l'an prochain, avec à la clé une nouvelle poussée du chômage (9,4 % de la population active). Pas de quoi déstabiliser l'entourage de Francis Mer : «Il y a autant de