Sénateur (UMP-RPR) du Bas-Rhin, maire de Wasselonne, Joseph Ostermann reste modeste dans son triomphe : «Nous attendons le 8 ou le 9 décembre. Mais le ministre en a pris l'engagement : l'amendement devrait être adopté.» Après 49 ans de guerre, l'armistice sera enfin signé sur le front des bouilleurs de cru. Elle opposa pendant près d'un demi-siècle les producteurs familiaux de gnôle artisanale (poire Williams, quetsche, mirabelle, kirsch et autres calvas) aux militants antialcooliques. Leurs alcools devraient être détaxés à 50 %, si le gouvernement accepte un amendement de la droite.
Un décret signé Pierre Mendès France avait ouvert en 1953 les hostilités. Moraliste et homme de gauche, l'ancien président du Conseil avait fait de la lutte contre l'alcoolisme un de ses chevaux de bataille. Il avait imposé l'extinction progressive du privilège des bouilleurs de cru, qui exonérait les propriétaires d'arbres fruitiers des droits sur l'alcool à concurrence de 5 litres, soit une dizaine de bouteilles de goutte à 50°. Ce droit était jusque-là héréditaire. Avec le décret, il disparaissait à la mort de son titulaire. Symboliquement (et pour résorber les excédents laitiers), il avait aussi fait distribuer gratuitement un verre de lait quotidien aux enfants des écoles.
Privilège. Pendant près d'un demi-siècle, députés et sénateurs des départements ruraux, essentiellement de droite, ont bataillé pour le rétablissement du privilège. Certains, comme François Grüssenmeyer, député et maire de