Menu
Libération
TRIBUNE

Soyons réactionnaires

Article réservé aux abonnés
Fustigés par Daniel Lindenberg, ces intellectuels compagnons de route de la droite brisent les tabous de la parenthèse socialiste.
par Catherine PAUCHET, sociologue.
publié le 29 novembre 2002 à 1h55

Le retour à l'ordre que Daniel Lindenberg (1), politologue, membre du Parti socialiste, courant Jospin, pointe à travers les propos tenus par des intellectuels de combat (Alain Finkielkraut, Pierre-André Taguieff...) sur l'islam ou la sécurité en particulier, le positionnement politique récent affirmé par d'autres (Luc Ferry, Blandine Kriegel...) questionne. Pourquoi la parole influente s'affranchit-elle des sujets jusqu'ici tabous ? Pourquoi des philosophes, rompant une tradition bien établie, s'affichent-ils compagnons de route de la droite ? A terme, notre démocratie est-elle menacée par ce retournement des élites ?

Ne nous cachons pas la réponse : plus qu'une défaite de la gauche plurielle, les derniers résultats électoraux annoncent la fin du socialisme à la française et, avec elle, le retour à la liberté de ton, aux débats que l'on espère passionnels et aux valeurs de la France profonde dont nous avions perdu l'habitude pour ne pas désespérer Matignon et la Rue de Solférino (2).

Osons un parallèle. En 1990, le système communiste trépasse. Qu'a-t-on vu dans les pays de l'Est ? Une extrême droite en force, une économie vieillie et inadaptée, déterminée par l'idéologie plus que par l'échange international, des peuples coupés de leur culture, éduqués par la propagande, qui ignorent l'histoire et le droit. Aujourd'hui, tout se passe comme si le communisme n'avait été qu'une parenthèse et qu'il fallait reprendre le développement économique, la pensée politique, l'action éducat