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Libération
Interview

«La gauche devrait récuser l'extrême gauche».

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publié le 30 novembre 2002 à 1h56

Zaki Laïdi, chercheur à la Fondation des sciences politiques, est l'un des animateurs de la fondation En Temps réel (1). Il invite la gauche à «travailler avec les réformistes» plutôt que de draguer les «acteurs politiques issus de la gauche extrême» qu'on retrouve à Attac.

Courir derrière les antimondialisation, c'est le bon chemin pour reconstruire la gauche ?

La question posée à la gauche n'est pas celle de savoir si elle doit abstraitement travailler avec les antimondialisation. La priorité pour elle est d'avancer des propositions politiques concrètes et praticables sur la régulation de la mondialisation. Je pense par exemple à l'utilisation des fonds structurels européens face aux délocalisations, à la mise en place d'un grand fonds européen sur les maladies tropicales, à l'indispensable unification de la représentation européenne dans les institutions multilatérales sans oublier la réforme de la PAC qui soulagera bien des pays en développement. Une fois qu'elle sera au clair avec elle-même, la gauche devra choisir ceux qui pourront l'aider à faire prévaloir ses vues. Elle devrait donc récuser les souverainistes et l'extrême gauche pour travailler avec les réformistes, ceux qui ne veulent pas abattre le capitalisme mais le rendre plus équitable. De ce point de vue, la gauche serait bien inspirée de travailler plus avec Oxfam (ONG internationale de développement, ndlr) qu'avec Attac. La gauche court un risque mortel si elle venait par peur idéologique à confondre des acteu