Devant le grand escalier, des dizaines d'élégants invités piétinent. Puis les mariés fraîchement unis descendent les marches sous une pluie de riz. Scène banale pour un vendredi matin, en mairie du XVIIIe arrondissement de Paris. Dans le hall, se joue une autre scène. Inhabituelle celle-là. Une table, deux urnes transparentes et un isoloir ont été dressés. Comme pour un jour d'élection.
Chocolats. Vendredi, samedi et dimanche, se tient ici, comme dans 200 autres lieux (et 70 villes de France), une «votation citoyenne». Une sorte de référendum symbolique et sans portée juridique, ouvert à tous, organisé par trois collectifs regroupant une soixantaine d'associations qui militent pour le droit de vote des étrangers aux élections locales.
«Je suis venue pour les chocolats de Noël», avoue une vieille dame. Le cadeau municipal sous le bras, elle s'attarde dans le hall, avant de voter. Une passante, qui n'est «pas venue exprès», prend le temps de glisser un bulletin dans l'urne. Qu'a-t-elle répondu à la question : «Etes-vous favorable au droit de vote et d'éligibilité des résidents étrangers aux élections locales» ? «Ça ne se dit pas, c'est indiscret !», réplique-t-elle. «Si tout le monde donne son avis, où est-ce que ça finit ?», commente un vieux monsieur, qui refuse lui aussi de donner le sien. Une femme s'approche : «Il y a besoin de la carte d'électeur ?» Elle se dirige vers l'isoloir. «On voit que vous avez l'habitude !», glisse une militante. «Je suis née française», dit fière