C'est un des paradoxes des élections prud'homales : elles pourraient sonner le coup d'envoi d'une réforme de la «démocratie sociale» très attendue par la CFDT et la CGT, mais qui se révélerait au final inspirée par... Force ouvrière, le grand perdant du scrutin. Car le vote du 11 décembre a sonné le glas du système français de représentation sociale. Celui-ci tient sur une sorte de fiction juridique : cinq organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC et CGC pour les cadres) sont réputées «représentatives» depuis un arrêté de 1966, jamais revu. A ces «cinq vieilles» est réservé le droit de siéger dans les conseils d'administration des grandes institutions sociales : Sécurité sociale, caisses de retraite complémentaires, commission de la négociation collective, etc. Elles seules ont aussi le droit d'imposer l'existence d'une section syndicale dans une entreprise. Enfin, chacune d'entre elles peut signer un accord au nom de tous les salariés, quelles que soient sa présence et son influence réelles dans l'entreprise, dans la branche professionnelle, ou même interprofessionnelle. Une sorte de rente de situation qui perdure au mépris d'un droit constitutionnel : celui, pour les salariés, d'être représentés par le syndicat de leur choix. Et qui mine peu à peu la légitimité du syndicalisme, autant sinon davantage que la forte abstention de l'électorat mercredi. C'est pourquoi Alain Olive, le leader de l'Unsa (lire ci-contre), grand vainqueur de l'élection, revendique aujourd'hui d'
Fillon face à un système en bout de course
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par Hervé NATHAN
publié le 13 décembre 2002 à 2h07
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