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Libération

La grande bouffe ministérielle.

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Comment le gouvernement Raffarin régale ses députés.
publié le 24 décembre 2002 à 2h15

La politique est souvent une affaire de cuisine. Et de salles à manger. Au lendemain des législatives de juin, Jean-Pierre Raffarin a demandé à ses ministres de soigner leur majorité pléthorique. «365 députés UMP, ce n'est pas facile à contenter. Il faut les bichonner, invitez-les dans vos ministères», leur a-t-il dit. La consigne a été suivie avec zèle. Jusqu'à l'indigestion. «On n'arrête pas, rigole Dominique Dord, député de Savoie, on grossit.» En quelques jours, il a déjeuné avec François Fillon (Affaires sociales), dîné avec Patrick Devedjian (Libertés locales), été invité chez Luc Ferry (Education nationale) et chez Hervé Gaymard (Agriculture). Jean-François Copé, ministre des Relations avec le Parlement, l'a convié à une séance de cinéma dans son ministère. Depuis sa réélection il y a six mois, ce député de base a un agenda chargé. «Je suis déjà allé trois fois chez Fillon, deux fois chez Mattei, ça me prend tous mes repas de mardi et de mercredi.»

Troupeau de 100. «Je suis obligé d'en refuser, s'exclame son collègue des Yvelines, Pierre Lequiller, il y en a trop.» Tout le monde y va de ses invitations. A coup de lapereau à la moutarde, de filets de perche aux truffes et de bar à la provençale, les huiles du gouvernement jouent la carte de la séduction. Jacques Chirac, qui reçoit régulièrement une poignée de parlementaires autour d'une bonne table à l'Elysée, a depuis longtemps montré l'exemple en la matière. Jean-Pierre Raffarin l'a suivi, mais de façon plus aléatoire