Le mardi soir, quand ses oracles tombent, le silence se fait dans la salle Marie-Thérèse-Eyquem qui accueille, rue de Solférino, les réunions du bureau national du PS. En pleine campagne présidentielle, Pierre Mauroy avait déjà secoué l'atonie de l'Atelier de Lionel Jospin en lançant au candidat, devant une cinquantaine de hiérarques : «Lionel, quand je regarde ton programme, je n'y vois ni les ouvriers ni les travailleurs. Ce ne sont pourtant pas des gros mots...» Depuis, à 74 ans, l'ancien Premier ministre de Mitterrand vit une seconde jeunesse. Il vient d'achever la rédaction de ses mémoires, qui paraîtront mi-février, et peut désormais s'atteler à son rôle de vieux sage.
Grandiloquence. «En politique, je n'en suis plus à recevoir ou à donner des coups, je suis en influence et je ne revendique rien... Car je n'ai rien à revendiquer», commente-t-il. Aussi, lorsqu'il anime les conclaves socialistes de sa voix de stentor, ses auditeurs ont beau moquer sa grandiloquence, ils se hâtent de décrypter la signification de ses mises en garde.
Car derrière ses appels récurrents à «l'unité» et au «rassemblement» se cachent souvent de cinglants rappels à l'ordre. Le dernier en date remonte au mardi 19 novembre. Exaspéré par les provocations d'Arnaud Montebourg, Pierre Mauroy avait dénoncé les «outrances répétées» du chef de file du Nouveau Parti socialiste (NPS). Avant d'assener dans le huis clos du bureau national : «Nul n'est obligé de rester au Parti socialiste.» Une charge ponctuée