Pierre Blaise est le secrétaire général du Centre de recherche et d'information socio-politiques (Crisp), principal observatoire de la vie politique belge. Il juge que l'obligation de vote, en vigueur en Belgique depuis plus d'un siècle, a un «effet d'entraînement» positif sur la vie citoyenne.
Pourquoi la Belgique a-t-elle rendu le vote obligatoire ?
En 1893, nous sommes passés directement d'un suffrage censitaire, dans lequel les électeurs devaient payer un impôt minimal pour pouvoir voter, au suffrage universel assorti de l'obligation de vote. C'est essentiellement le mouvement ouvrier qui revendiquait le suffrage universel, et l'obligation de vote a été instaurée pour que ce nouveau droit devienne une réalité palpable. Certains craignaient que les plus modérés s'abstiennent, d'autres avaient peur que les patrons fassent pression sur leurs ouvriers pour qu'ils n'aillent pas voter.
Un siècle plus tard, le système ne fait toujours pas l'unanimité...
Des libéraux ont déposé des propositions de lois pour revenir sur l'obligation de vote. Ils estiment que, dans un idéal de liberté, personne ne devrait être contraint de se rendre aux urnes. Par ailleurs, la liberté de s'abstenir obligerait les partis politiques à faire des efforts pour susciter l'intérêt des électeurs. Enfin, certains pensent qu'il vaut mieux ne pas voter plutôt que de voter à contrecoeur, sans avoir confiance dans les institutions. A l'inverse, les partisans du vote obligatoire estiment qu'il favorise l'égalité so