Phénomène massif mais difficile à cerner, l'abstention inquiète les hommes politiques de tous bords. A l'Assemblée nationale, plusieurs députés ont donc décidé de se porter au chevet de la démocratie représentative. Certains d'entre eux, dont Laurent Fabius, militent pour rendre le vote obligatoire. D'autres députés se contenteraient de la reconnaissance du vote blanc comme un suffrage exprimé. Des suggestions motivées par un constat : 2002 a été l'année des abstentionnistes. Au printemps, 11 millions d'électeurs ont zappé le premier tour de la présidentielle (28,4 % des inscrits), et 15 millions se sont abstenus au second tour des législatives (39,6 % des inscrits).
Faut-il se résoudre à voir la politique n'intéresser qu'une élite de plus en plus resserrée ? «Les enquêtes montrent que les abstentionnistes sont plus nombreux chez les 15-24 ans, les chômeurs et les catégories sociales les moins favorisées», note Jean-Marie Montel, délégué général du Cidem (Civisme et démocratie), une fédération d'associations qui milite pour l'exercice du droit de vote. «Depuis 2001, on voit que les 24-35 ans se sont mis à moins voter.» Si ce sont les plus jeunes et les plus pauvres qui gonflent le bataillon des abstentionnistes, ce serait donc d'abord l'électorat traditionnel de la gauche qui serait touché.
«Choix philosophique». Dès lors, on comprend mieux le récent plaidoyer de Laurent Fabius en faveur du vote obligatoire. Le 26 novembre, l'ancien Premier ministre socialiste a relancé une id