De ce ruban-là, Jean-Pierre Raffarin n'est pas peu fier. Il caresse avec gourmandise la décoration qui figure au revers de son veston. Un cadeau de Jacques Chirac. «La grand-croix de l'ordre national du Mérite est remise à chaque Premier ministre après six mois de présence à Matignon, explique-t-il avec émotion. Celle-là m'a été donnée par le Président, il l'avait reçue en 1974 des mains de Valéry Giscard d'Estaing.» Le chef du gouvernement a apprécié le geste autant que le symbole. Les deux têtes de l'exécutif n'en finissent plus d'afficher leur lune de miel. L'Elysée insiste sur la «fluidité de la relation retrouvée» au sommet de l'Etat après cinq années de cohabitation et qualifie Jean-Pierre Raffarin de «merveilleuse trouvaille».
Autorité. Cet étalage de pommade fonctionne dans les deux sens : Raffarin assure que ses relations avec le chef de l'Etat sont «globalement formidables». «Je le trouve extraordinaire, ajoute-t-il, il est très fort en ce moment, impressionnant d'éner-gie.» Si crispations ou désaccords il y a entre ces deux-là, ils sont soigneusement étouffés. Le Premier ministre se dit «bluffé» par la façon dont le président de la République gère les dossiers internationaux. Et loue d'autant plus ses qualités d'homme d'Etat qu'il souhaite, lui, avoir les mains libres dans le gouvernement de la France. Jacques Chirac suit de très près ce qu'il fait à Matignon sans être constamment sur son dos comme il pouvait l'être avec Alain Juppé de 1995 à 1997. Mais il apprécie