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Libération

Le rêve chèrement payé d'un couple

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Clara et Vincent trouvent une gestatrice en Californie, elle accouche de jumeaux. Mais la justice française les harcèle.
publié le 11 janvier 2003 à 21h45
(mis à jour le 11 janvier 2003 à 21h45)

Elle approche de la quarantaine. Lui, à peine 30 ans. Soudés, enchaînés à ce qu'ils appellent «le projet», arc-boutés sur le sens des mots, «je n'ai jamais menti quand j'ai dit que j'attendais des enfants», écorchés par les regards et les mots des autres, «les policiers nous ont insultés, accusés de trafic d'enfants». Alors on ne parlera pas de «mère porteuse» mais de «gestatrice», ni de sa «rétribution» mais de «défraiement» et l'on dira comme eux qu'ils ont mis au monde leurs deux jumeaux en 2000 dans une clinique californienne.

Certificats de naissance. La Californie, «c'est la Mecque de la gestation pour autrui». La pratique y est légale, encadrée juridiquement et médicalement, «valorisée», dit Vincent ­ «alors qu'en France elle est stigmatisée» ­, et totalement intégrée. «A l'hôpital ils connaissaient la procédure, j'ai assisté à l'accouchement. On nous a immédiatement donné les certificats de naissance à nos noms», raconte Clara. En Californie, les parents «d'intention» signent une reconnaissance parentale lors de la grossesse, document qui a valeur de jugement et interdit tout retour en arrière. «Que l'enfant plaise ou pas, qu'il ait trois têtes ou une jambe, c'est le nôtre, on ne peut pas se défausser.»

Le projet prend forme en 1998, quand ils découvrent leur problème d'infertilité. Clara ne pourra jamais porter d'enfant. Ils se tournent «naturellement» vers la maternité de substitution. «On travaillait tous les deux dans des entreprises américaines. S