Lille de notre correspondante
Il a vu Seillière congratuler Raffarin, à la télévision, et se souvient de sa colère. Un plan social visait alors les 232 salariés de son usine. Trois jours plus tard, plus de plan social : la maison mère coupait les vivres à sa filiale, et Farid Ramou, délégué CGT chez Metaleurop Nord, apprenait la fermeture de son usine de production de plomb et de zinc (Libération des 20 et 21 janvier). «S'il fallait faire la preuve des orientations de monsieur Raffarin, il a apporté lui-même la réponse, estime ce fils de mineur. Il nous fait un discours sur la "France d'en bas", mais il se place à une telle hauteur qu'il ne la voit plus. Il est trop loin.»
«Poudre aux yeux». A Lille, dans la vieille Bourse du travail, imposant bâtiment de brique rouge qui abrite les syndicats, Jacques Désidéri, secrétaire général de l'union locale CFDT, se souvient de sa «surprise» quand il a appris que Jean-Pierre Raffarin serait le premier chef du gouvernement à se rendre à l'assemblée patronale. En fait, c'était seulement une demi-«surprise» : «Le Premier ministre est avec les patrons comme un poisson dans l'eau. Il partage les mêmes idées libérales, accuse-t-il. En remettant en cause les 35 heures, la loi de modernisation sociale, le service public, la retraite par répartition, il satisfait le Medef, sans tenir compte de la France qui travaille.» Et Jacques Désidéri d'ajouter : «La baisse des impôts ne profite pas aux non-imposables, majoritaires dans notre région, ni aux