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Libération

Outrages et cætera...

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publié le 25 janvier 2003 à 21h58

Où commence l'«outrage au drapeau et à l'hymne national» ? En 1979, Serge Gainsbourg lance, sur un air reggae, «Aux armes, et cætera...», et les paras, appuyés par Michel Droit, s'indignent précisément au nom de cet «outrage». A Strasbourg, Gainsbourg a promis, par bravade, de chanter sa Marseillaise reggae : il se retrouve devant un rang de parachutistes, menaçants, rigolards, et entonne a capella un hymne classique. Il n'est pas le premier à avoir «joué» avec l'hymne national. A peine inventée par Rouget de Lisle en avril 1792, la Marseillaise est parodiée : on en connaît, jusqu'à la IIIe République, des versions gourmande, scatologique, alcoolisée, anarchiste, antisémite. Et les premiers accords ont été repris en version jazz (Django Reinhardt et Stéphane Grapelli en 1946), free jazz (Albert Ayler en 1965 dans Spirits Rejoice), pop (les Beatles, au début de All you Need is Love), ou chanson française (Yannick Noah réécrivant les paroles en 1997 : «Le jour d'y croire est arrivé. Les bobards, c'est bien terminé...»). Le drapeau, lui, a été «traîné dans la boue» par Reiser (série Blasons en 1979), et, en avril dernier, parodié par Jean-Pierre Raynaud dans ses fausses affiches de campagne électorale, la Force de l'idée, où il pose en candidat sur fond bleu-blanc-rouge. Ultime démonstration par l'absurde : quand les soldats anglais prisonniers en Allemagne, dans la Grande Illusion de Renoir (1938), entonnent la Marseillaise, c'est encore un outrage. Leur accent écorche la lang